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Les femmes antillaises au bagne

A l'occasion de la commémoration des 350 années de présence

française aux Antilles, il etait important de rappeler le souvenir de

ces Antillais que l'on a envoyés mourir en Guyane pour le vol d'un

drap ou d'un mouton.

Odile Krakovitch -1990

 

 

La recherche d'ancêtres Antillais nous conduit régulièrement aux ANOM, les Archives Nationales d'Outre-Mer.

Au-delà des fiches matricule militaire et surtout de l'état civil, si précieux pour la généalogie antillaise, j'ai découvert récemment la "base bagne", qui recense les matricules des bagnards transportés vers la Guyane et la Nouvelle-Calédonie.

Une liste des hommes condamnés Martiniquais, Guadeloupéens, Réunionnais et Guyanais est en cours d'élaboration.

Elle s'avère laborieuse car les indexations des notices, par les employés des ANOM, ne contiennent pas toujours la mention "Originaire de Martinique, Guadeloupe..."

 

Les femmes étant moins nombreuses à avoir été déportées, il est plus facile de dresser une liste, en lisant une par une les notices résumant leur état civil et le résumé de leur condamnation.

 

Au sommaire de cet article :

 

I - Listes des femmes condamnées et transportées vers la Guyane depuis :

  • La Guadeloupe
  • La Martinique
  • La Guyane
  • La Réunion

II - Histoire oubliée des femmes condamnées au bagne

 

III - Comment retrouver une ancêtre antillaise condamnée au bagne

 

IV - Ressources

I- Liste de femmes antillaises condamnées au bagne

La Guadeloupe


 GUYANE - 56 femmes

  • ALBIN Francillette
  • ALMA Eudorat 
  • ALMAT Eudorat - 1915
  • ANGAMAL
  • ARPENS Coralie Félicie
  • BALOCHANT Joséphine
  • BHONILI
  • BIPTI
  • BINAS bernardine Lucie
  • BUCHERI Anastasie dite Micheline
  • CACHEMIRE Cécile Nancy
  • CAHALY Cydalise
  • Claire
  • COIPEL Lilite dite Marie Philémon
  • CORIANE Marie Appoline
  • CYSIQUE Estellia
  • BATTIN Marcelline
  • Célina
  • DUAR Adéline
  • Éléonore
  • Eulalie fille de Périanassy
  • FRANZINI Marie Charlotte Stéphanie Camille
  • FRICACÉE Amélia dite Florence
  • FULTON Célestine
  • GUERLAIN Marie Louise
  • GUILLIORD Marie Bertine
  • GUYMOND Louise dite Louise Jérémie
  • GYPAL Anne Marie alias Capresse
  • HOUSIMBY Marie Louise
  • JACQUES Louise
  • JACQUITT Marie Françoise Joséphine
  • Jeanne
  • Jeannette alias Cotier
  • JEANNIN Onésime
  • JOSEPH Gabrielle Stéphanie Georgina
  • KAYROL Honorine
  • KÈFLE Marie
  • La misère
  • LANG Thérèse Moïsia
  • LEBEAU Marie Eugénie
  • LEBORGNE Marie Assez dite Emma
  • LISERRO Thérésia
  • MARIÉS Cécile
  • Marie alias Olympe
  • MARIE LOUISE Emmanuel dite Marie Françoise d'Anglars
  • MAYET Suzanne dite Olive
  • MAZEPPA Lucrèce épouse FORGEAT
  • MÉZIDA Élisabeth
  • MOUTAMA
  • MUCHARD Scholastique épouse Momon dit Momus alias Bouliki
  • NOËL Ajaxine Louise Marie
  • PÉLICO Amélie
  • ROCHE Marie
  • ROZIER Augustine dite Alice
  • WILLIAM Jeanne Malicorne dite Jeannine


La Martinique

GUYANE - 39 femmes

  • ADELAÏDE None alias Zonne
  • ADJUTOR Hermancia
  • AGAPIT Marie Michelle
  • ATHALIE
  • BARADY Pauline
  • BLANCHETTE Marie Alfénise alias Phéfé, Blanche
  • BOISSONET Astérie
  • BOUCHON Maria
  • CHÂLON Hortensia
  • CHARLES Marie Eugénie alias Yoyotte Labatut
  • CHÉRIMOND Amélie Judith
  • CIDALON Aglaé Philomène alias Caroline
  • CYRILLE Jean-Louis (épouse)
  • COUIN Pauline dite Camille, Couzy
  • DELOS Célianne
  • EUGÈNE Marie Julie dite Jeannine
  • FANFAN Thérésia
  • FAUGIRON Marie Angèle épouse LIPOUL
  • FRANCIS-FRANCOIS Marie Euphémie alias Marie Clarisse
  • GENEVIEVE Robertine Pierre Sully
  • GENIOR Eugénie
  • GÉRY Honorine
  • GUIGNE Félicienne dite Denise Cétout
  • GUY Marie Lucile dite Dolaure Lucilla Luce
  • LUBIN PAULINA dite Nana
  • LUMINA Sophie dite Surprise
  • MACTANUS Jeanne Louise
  • Madeleine
  • Marie Hélène
  • MARIE LOUISE Emmanuel dite Marie Françoise d'Anglars
  • MARIE Orphélie Valérine
  • MONNAY Marie Joséphine
  • NELTA Constance Roseline épouse WAMBA
  • PAULINE Rose Adelaïde dite Rose-Laure
  • PIQUIONNE Joséphine
  • ROUEN Suzanne
  • ROSACA Marguerite Félicité dite Simar, Louisine
  • SAN PAN TCHEM Jeanne Servais alias Sampayan, Jeannette, Pavoda, Marie
  • WALLINE Ephifamide dite Fifitte

Les femmes dont le nom est en gras, ont participé à l'insurrection du sud de la Martinique en 1870.


La Guyane

GUYANE

  • AINAY Augustine
  • AUGUSTIN Frida
  • DEVIS Henriette
  • DOMALO Augustine Caroline
  • KIRTON Rose
  • LATCHMÉE
  • LOUISA Ovide

La Réunion

Rivière rocailleuse au milieu de montagnes
Nouvelle-Calédonie by Pixabay

Étrangement, aucune femme n'a été transportée de la Réunion vers les bagnes de Cayenne. Certaines sources indiquent qu'elles étaient plus dociles que les Antillaises et les Guyanaises, et qu'elles commettaient donc moins de délits et encore moins de crimes.

Je pense plutôt qu'elles ont été transportées vers les bagnes de la Nouvelle-Calédonie, que j'examinerai ultérieurement.


II- Histoire des femmes oubliées des bagnes coloniaux

Volontaires de toutes la France

Plusieurs femmes bagnardes devant la prison
Collection bibliothèque Marguerite DURAND

Les femmes condamnées pour de nombreuses années voire à perpétuité, cherchent un moyen d'éviter la réclusion et la surveillance. Elles sont, au départ, volontaires, afin d'obtenir plus de liberté, et pour se racheter une conduite car la France les juge indésirables sur son territoire.

 

La déportation officielle des femmes a lieu officiellement de 1859 à 1904.

Officieusement, on en retrouvera encore quelques-unes jusqu'en 1915, uniquement des Antillaises et des Guyanaises.

 

Au total, 517 femmes auraient été transportées en Guyane.

La loi de transportation de 1851

En métropole, la transportation des femmes est facultative. Celles qui veulent partir pour la Guyane doivent en faire la demande et avoir entre 25 et 35 ans.

Le transport est gratuit pour les femmes et les enfants venants de métropole ( rejoignant un mari ou un père condamné).

On dénombre seulement 57 femmes en 1870 ayant fait le voyage jusqu'en Guyane, alors que 5000 forçats sont présents sur l'île. La moitié d'entre elles rentrera en métropole.

 

La loi sur la relégation de 1885

Cette loi relance quelque peu la déportation des femmes.

Elles sont 519 de plus à partir pour la Guyane (1887-1904), et 457 à partir pour la Nouvelle-Calédonie (1887-1896).

Je retrouve trois motifs de condamnation dans les notices :

  • Infanticides ( avorteuses, faiseuses d'ange et beaucoup de mères)
  • Prostitution ( souvent avec l'accord du mari pour subvenir à leur famille)
  • Vol ( pour les mêmes raisons)

 

Petit garçon noir qui pose de face près de sa maison
Children of Ouganda on Pixabay by Charles Nambasi

Les motifs de condamnation sont les mêmes pour les femmes en métropole, aux Antilles et en Guyane.

Mis à part les vols et homicides, les infanticides sont extrêmement fréquents sur des bébés nouveaux nés ainsi que sur des plus grands (3 mois, 9 mois, 7 ans).

 

Au-delà des notices, on peut imaginer la détresse économique de ces femmes pauvres, qui gagnent de l'argent à la journée. Elles sont souvent domestiques, marchandes, cultivatrices et ne peuvent se permettre de nourrir une bouche supplémentaire ou de s'arrêter de travailler pour s'occuper d'un enfant.

Les religieuses seront d'une grande aide dans l'encadrement et le soin de ses femmes.

En ce qui concerne les Martiniquaises et les Guadeloupéennes, elles sont souvent exonérées d'exil et peuvent revenir sur leur île, parfois même sans doublage (seconde peine qui vise à l'exil en Guyane sur une période égale à la peine initiale).

Elles ont donc pu retrouver leur famille pour la plupart.

 

L'autrice Odile Krakovitch évoque dans son article "Les Antillais et les bagnes de Cayenne", qu'il existait peut-être déjà un racisme envers ces femmes. Elles n'étaient donc pas envisagées pour le peuplement de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie.

Projet nuptial de colonisation

Guadeloupéennes, Guyanaises, Martiniquaises, Réunionnaises, des femmes originaires des anciennes colonies françaises ont été déportés vers les bagnes coloniaux de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.

Dans le cadre d'une condamnation souvent mineure, elles sont jugées "incorrigibles", et envoyées loin de leur domicile car jugées "irrécupérables".

 

Condamnées à la relégation, elles sont utilisées pour le peuplement de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie.

 

Ce projet nuptial de colonisation ne fonctionne pas en Guyane, à cause des conditions climatiques et des maladies.

Il fonctionnera mieux en Nouvelle-Calédonie.

Les femmes mettaient beaucoup d'espoir dans le mariage qu'elle pouvait contracter avec un ancien bagnard.

Chaque dimanche, les religieuses les apprêtaient afin des présentées et choisies par ces messieurs.

Les mariages étaient organisés rapidement.

Les couples étaient pour la plupart stériles, et infidèles. Les femmes se prostituaient pour subvenir à leur besoin, le mariage n'était souvent qu'un moyen de gagner en liberté.

Les enfants nés de ces unions ( principalement en Nouvelle-Calédonie) ont été placés en institution de 3 à 18 ans, car la France jugea a posteriori que ces enfants ne pouvant être que mauvais car issus de parents bagnards.

 

 

 

III - Comment retrouver un ancêtre antillais au bagne

Les ANOM proposent dans leurs ressources en ligne la base Bagne.

Un formulaire à gauche vous permet d'entrer les informations de la personne que vous recherchez :

  • Nom, prénom, alias, sexe
  • Date de condamnation
  • Numéro de matricule
  • Territoire de détention
  • Documents particuliers
  • Observations complémentaires.

Si vous souhaitez obtenir plus d'information, vous pouvez demander le dossier individuel aux ANOM à Aix-en-Provence.

 

Je vous retrouve très prochainement pour les listes de femmes  Martiniquaises, Guadeloupéennes, Réunionnaises et Guyanaises, dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie, que je mets à jour régulièrement.

 

An lot soley!

IV- Ressources Femmes antillaises au bagne

 

À lire également :

Les Martiniquais au bagne de Guyane


Je m'appelle Pascaline Nogrette

Créatrice d'Origine Créole

Aide et recherche en généalogie antillaise suite à 25 ans de recherches personnelles

1311 individus sur mon arbre Geneanet et 302 médias

 

Retrouvez-moi sur Instagram pascaline_genealogie

Et sur Facebook Origine Créole

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Commentaires: 1
  • #1

    Ebion Yvette (mercredi, 30 avril 2025 12:55)

    C’est très bien et mérite d’être connu
    Ce pourrait être un des thèmes du prochain 8 Mars ou d’une conférence à l’université ainsi q’une action commune de tous les territoires d’outre mer